La société accorde souvent une importance démesurée au poids corporel. Malheureusement, les jeunes, vos futur.e.s élèves, n’y échappent pas. Ils sont grandement influencés par les médias sociaux, qui accordent une place démesurée à l’apparence corporelle.
La pression sociale de la minceur peut avoir comme effet d’encourager les gens à une perte de poids rapide en ayant recours à des diètes amaigrissantes. Des objectifs de perte de poids irréalistes, une variation cyclique du poids corporel, une déception lors de la reprise de poids totale ou partielle, tout y passe… D’ailleurs, plusieurs études le démontrent, le maintien de la perte de poids à long terme des diètes amaigrissantes est négligeable. Il vaut donc mieux faire des petits changements graduels par rapport à ses habitudes de vie pour qu’ils se maintiennent à long terme. Chacun d’entre nous a, ce qu’on appelle, un poids naturel. Il est différent d’une personne à l’autre et correspond au poids souhaitable pour sa santé. C’est pour cette raison que nous avons tous des corps différents et c’est bien comme ça! L’alimentation intuitive est une approche proposée pour s’opposer aux diètes amaigrissantes, qui ne fonctionnent pas. L’alimentation saine, ça va bien au-delà de ce qu’il y a dans l’assiette! Prenez un instant pour réfléchir à un bon souvenir relié à la nourriture. Posez-vous les questions suivantes : « à quel endroit suis-je? », « qu’est-ce que je mange? », « qui est présent avec moi à ce moment ? ». Vous verrez que l’environnement et le contexte ont un grand rôle à jouer dans l’acte de manger et apportent bien du plaisir lors des repas! Voici les dix grands principes pour devenir un mangeur intuitif : 1.Rejeter la mentalité des diètes amaigrissantes, qui crée de faux espoirs. L’industrie de l’amaigrissement est la seule industrie qui vit de ses échecs. C’est un réel cercle vicieux. En effet, une diète amaigrissante faible en calories provoque une baisse du métabolisme. L’abandon de la diète survient habituellement rapidement puisque celle-ci ne peut être maintenue, car elle est trop restrictive. Cela entraîne donc le retour aux habitudes alimentaires du départ en conservant le métabolisme au ralenti, ce qui amène le retour au poids initial (et parfois plus). Alors, à quoi bon s’attarder aux diètes amaigrissantes… Cette idée de toujours vouloir perdre du poids en se restreignant n’en vaut pas la peine ! 2.Honorer sa faim lorsqu’elle est modérée. Plusieurs facteurs externes peuvent nous donner envie de manger : le fait de s’ennuyer, de remarquer qu’il est « l’heure de manger », d’observer une personne manger, d’apercevoir une publicité d’un produit, etc. C’est ce qu’on appelle une fausse faim. Comme seul le corps sait quand il a besoin d’énergie, écoutez-le, avant, pendant et après les repas. C’est le seul qui connait la quantité d’aliments dont il a besoin. Posez-vous la question suivante : « sur une échelle de 1 à 5, quel est mon niveau de faim présentement? ». 3.Se permettre de manger tous les aliments souhaités. Oui, oui! Se restreindre de consommer certains aliments peut nous amener à des rages alimentaires et à des pertes de contrôle à l’égard des aliments. L’objectif est donc de manger sans culpabilité en se permettant tous les aliments souhaités. 4.Cesser de catégoriser les aliments comme étant « bons » ou « mauvais ». Il n’existe pas de bons ou de mauvais aliments. Chaque aliment a une place dans une alimentation équilibrée : les aliments quotidiens, les aliments d’occasion et les aliments d’exception. Tous les aliments ont leur importance dans l’alimentation puisqu’ils comblent des besoins différents : souligner des évènements importants, partager son repas avec des proches, perpétuer les traditions culinaires, combler ses besoins nutritionnels, etc. 5.Considérer la sensation de satiété pour savoir quand cesser de manger. Les signaux de satiété peuvent être flous et moins bien reconnus à force d’être ignorés. Prendre conscience des signaux que nous envoie notre corps peut prendre du temps. Allez-y une étape à la fois. Posez-vous la question suivante : « sur une échelle de 1 à 5, quel est mon niveau de satiété présentement? ». 6.Découvrir la satisfaction et le plaisir de manger. Savourer chaque bouchée, préparer les repas avec des amis ou votre famille, profiter de repas ensemble loin des écrans, goûter à de nouveaux aliments, etc. Il y a tellement de façons différentes de manger avec plaisir! 7.Vivre ses émotions sans nécessairement utiliser la nourriture. L’envie de manger peut survenir sans qu’une faim réelle soit présente. Soyez à l’écoute des raisons pour lesquelles vous mangez. Certaines émotions spécifiques peuvent vous donner l’envie de manger certains aliments, par exemple, le stress d’un examen ou de la remise d’un travail, la déception, la tristesse, la colère et même la joie. 8.Respecter son corps tel qu’il est au moment présent. Notre corps n’est pas qu’une enveloppe corporelle. Il exerce d’innombrables fonctions et nous permet d’accomplir un tas de choses. Ce n’est pas son corps qu’il faut changer pour s’aimer davantage, mais bien la vision de soi et de celui-ci. Cela s’acquiert une étape à la fois et dans la bienveillance. 9.Être physiquement actif par plaisir, et non pour perdre du poids. Il existe tellement de bienfaits à avoir un mode de vie physiquement actif. L’important est de choisir des activités qui nous procurent du plaisir : marche, danse, zumba, randonnée, natation, etc. 10.Honorer sa santé et ses papilles gustatives par ses aliments préférés. Nous avons tous et toutes des préférences alimentaires différentes et il faut les respecter. Choisir, préparer et manger des aliments qui sont à notre goût est primordial. Bien entendu, il n’y a aucune pression liée à ces principes. L’idée n’est pas de tous les atteindre du jour au lendemain, mais bien d’y aller une étape à la fois. L’alimentation intuitive a été associée au mieux-être général. Cette approche serait aussi indirectement liée à une meilleure estime de soi, à l’optimisme, de même qu’à la satisfaction de sa vie en général. Un pas de plus vers l’alimentation intuitive est un apprentissage graduel pour faire des changements durables. Grâce à la proximité que vous aurez avec les jeunes en tant que futur.e.s enseignant.e.s, vous pourrez avoir une influence positive sur la façon dont les jeunes perçoivent leur apparence corporelle ainsi que la saine alimentation. Par Frédérique Paradis, diététiste-nutritionniste Références Ayyad C, Andersen T. Long-term efficacy of dietary treatment of obesity: a systematic review of studies published between 1931 and 1999. Obes Rev. 2000;1(2):113-119. Apfeldorfer G, Zermati JP. Cognitive restraint in obesity. History of ideas, clinical description. Presse Med. 2001;30(32):1575-1580 Gravel K. 2013. Manger avec sa tête ou selon ses sens : perceptions et comportements alimentaires, thèse de Doctorat, Université Laval Québec, Canada. http://theses.ulaval.ca/archimede/meta/30068 Organisation mondiale de la santé. Obésité: Prévention et prise en charge de l'épidémie mondiale. OMS, Série de rapports techniques no 894. 2003. Tribole E, Resch E. Intuitive eating: A revolutionary program that works. 3rd ed. New York: St. Martin's Press; 2012. Tylka TL. Development and psychometric evaluation of a measure of intuitive eating. J Couns Psychol. 2006;53(2):226-240.
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RédacteurVéronique Girard Archives
Décembre 2021
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